
I — L’étincelle dans la cendre Au fond des jours, tout est cendre profonde, Les heures s’écoulent, grises, au plomb lié ; Et dans la nuit sans astre où s’efface le monde, Tremble un feu misérable, à demi oublié. Parfois, je le maudis — il m’ordonne de vivre, Me condamne aux tourments d’un souffle inachevé ; Parfois, je le protège, et mes mains veulent suivre Le dernier souffle chaud d’un mourant aimé. Il lui suffit parfois d’un parfum qui s’attarde, Ou d’un éclat volé dans l’ombre du sommeil, Pour dresser sa flamme, hésitante et hagarde, Contre l’indifférence où se brise la veille. Mais je sais que, s’il meurt, je tomberai sans plainte Dans un vide où la mort n’a même plus de voix ; Et moi, je le nourris, de ma chair éteinte, Pour qu’il me brûle encore… jusqu’au dernier choix. II — L’étincelle maudite Au fond des nuits, tout s’illumine encore, Un feu têtu s’accroche au bord du néant ; Et dans mes veines froides il ronge, il dévore, Me refusant le repos qu’apporte le néant. Parfois, je ...